Le leader des équipements de réseaux Cisco investit 1 milliard de dollars dans la construction d’un réseau de cloud mondial. Une façon de rattraper son retard dans l’informatique en nuage en jouant les cartes de la proximité et de la souveraineté des données.
Intercloud. C’est le nom du réseau de cloud mondial que Cisco veut créer. Le projet a été annoncé en ouverture du sommet annuel réunissant ses partenaires à Las Vegas, aux Etats-Unis, du 24 au 27 mars 2014. Et le géant américain des équipements de réseaux prévoit d’investir pas moins de 1 milliard de dollars dans les deux ans à venir pour construire ce super cloud. Un effort à comparer aux 1,2 milliard de dollars qu’IBM va consacrer à l’ouverture d’ici 2015 de 15 nouveaux datacenters dans le monde pour doubler son cloud public.
Neuf partenaires
Le projet Intercloud est ambitieux. Et Cisco ne compte pas le mener seul. Il veut s’appuyer sur des partenaires en combinant leurs infrastructures avec la sienne au sein d’un réseau de cloud mondial. « Aujourd’hui, les cloud fonctionnent comme des îlots isolés entre eux, explique Bern Elliot, analyste au cabinet Gartner. Il est difficile de passer d’un cloud à un autre, en fonction des besoins géographiques ou applicatifs. L’idée de Cisco est de les relier de façon à offrir un passage transparent et sécurisé de l’un à l’autre. Le projet a du sens car il répond à un réel besoin des entreprises aujourd’hui non satisfait. »
Cisco apporte aussi une solution à la problématique de souveraineté de données, une question devenue particulièrement sensible en dehors des Etats-Unis, depuis les révélations fracassantes sur le programme de cyberespionnage Prism de la NSA, l’agence nationale de sécurité américaine. Grâce à ses partenaires, il pourra offrir un service de proximité aux clients qui exigent une localisation de leurs données dans leur pays. Un gros avantage par rapport aux leaders actuels du cloud computing comme Amazon Web Services, Google ou Microsoft, qui ne disposent aujourd’hui, pour l’Europe, que de sites en Irlande ou au Pays-Bas.
Des briques open sources
Pour faciliter les mouvements au sein d’Intercloud, Cisco se présente comme agnostique aux technologies de virtualisation à la base de la mutualisation des ressources dans le cloud. Il s’appuie sur des technologies Open Source développées au sein de la fondation OpenStack. Le projet démarre avec neuf partenaires dont, en France, Canopy, la filiale cloud computing d’Atos, deuxième groupe français de services numériques, après Capgemini.
Cisco n’est pas un nouveau venu dans le cloud computing. « Il est présent sur le marché en tant que fournisseur important de serveurs, routeurs et autres équipements d’infrastructure cloud », rappelle Bern Elliot, de Gartner. Il est également opérateur de cloud avec des services de communications unifiées, de visioconférence, de virtualisation de poste de travail ou encore de sécurité. Selon l’étude 2014 de PwC, il pointe à la septième place mondiale des fournisseurs de logiciels à la demande (Saas pour « Software as a service ») avec un chiffre d’affaires de 800 millions de dollars en 2012, derrière Salesforce, Microsoft, Intuit, ADP, SAP et Oracle, mais devant IBM ou Google.
L’initiative Intercloud représente une extension importante de cette offre notamment dans les couches d’infrastructure (Iaas pour « Infrastructure as a service ») et de plateforme (Paas pour « Platforme as a service »). Sur ces segments, Cisco apparait aujourd’hui à la traine par rapport à Amazon Web Services, IBM, Microsoft ou Google, mais « il a les compétences et les capacités de rattraper rapidement son retard », estime Bern Elliot, de Gartner.
Source : usine-digitale.fr